Les désirs, freins à notre évolution ?

Que ce soit en étudiant l’hindouisme ou le bouddhisme, la notion de désir est longuement abordée dans les textes anciens. Dans un monde changeant qui nous invite à mieux consommer, à développer une sobriété heureuse, la notion de désir au regard des traditions millénaires offre un bel éclairage.

Alors, pour commencer, qu’est-ce que le désir et à quoi est-il associé dans les textes ? “Le désir est une tendance qui porte à vouloir obtenir un objet connu ou imaginé” (définition du Petit Robert). Ce peut donc être un moteur pour avancer, mais que se passe-t-il si je m’attache à cette vision et que je n’obtiens pas cet objet ? Il en résultera probablement de la déception, de la frustration, de l’insatisfaction, de la jalousie, de l’envie, peut-être même de la colère. C’est justement ce non-attachement (que l’on nomme aparigraha en sanskrit) qui nous intéresse ici, en relation avec la notion de désir. Si je ne m’attache pas à obtenir un titre, un rôle professionnel, à maintenir un lien avec des personnes ou des choses matérielles, mon mental n’éprouvera pas de déception ou d’émotions chaotiques. 

Nous pouvons également nous demander : comment est-ce que je le vivrais si je l’obtenais ? Aurais-je alors peur de perdre cet état/cet objet/cette personne/… ? 

C’est là que le yoga intervient. OBSERVER. RESTER EN PRÉSENCE. PRENDRE CONSCIENCE. Prendre conscience de cette frustration naissante ou de la peur de l’impermanence des choses. 

Patanjali, a décrit dans les Yoga Sutras, l’un des plus grands traités sur la condition humaine, les mécanismes du mental et les pouvoirs dont nous disposons pour évoluer vers notre plus haut potentiel. Pour lui le yoga, c’est stopper les fluctuations de notre mental. Notre mental étant constamment en activité et autocentré, il nous embarque dans des suites d’idées, parfois fondées sur des préjugés, des désirs, sur des passions, entraînant de la confusion, voire de la souffrance. Les bouddhistes énoncent également dans les Nobles Vérités que notre ignorance (le fait de ne pas être conscients de nos comportements, de vivre dans la confusion au sujet de la réalité – nous prenons pour vraies des choses fausses et construisons notre réalité dessus) est source de souffrance. 

Patanjali expose dans les Yoga Sutras comment, en nous libérant des automatismes et de notre conditionnement d’humain, le yoga nous révèle notre être profond, notre essence. Nous pouvons ici nous pencher plus particulièrement sur certaines Yamas, des contraintes que l’on s’impose pour harmoniser nos interactions sociales et les Niyamas, des codes personnels pour harmoniser nos états intérieurs. 

Parmi les YAMAS (liste non complète) : 

  • ASTEYA – L’honnêteté, l’absence d’avidité 

Ici, il s’agit de faire la différence entre besoins et désirs. Par exemple, manger à sa faim est un besoin, accumuler naît du désir d’avoir (toujours) plus. Un chakra racine équilibré participe à développer Asteya (renforcer son chakra  pour installer un profond sentiment de sécurité et d’ancrage). 

  • APARIGRAHA – La non-possession, développée plus haut dans l’article
  • BRAHMACHARYA – La continence ou la modération

Ne pas être dans les extrêmes pour ne pas consommer notre énergie. Cela peut donc être interprété comme modérer ses désirs, si l’on sait que nous avons plus à perdre qu’à y gagner (par ex, manger plus que notre faim). 

Parmi les NIYAMAS (liste non complète) :

  • SANTOSHA – Le contentement

J’en parle très souvent en cours car c’est une notion magnifique. Être satisfait de ce que l’on a. POINT. Cela paraît si simple, mais n’est-ce pas si dur en pratique ? Moins de désirs, moins d’exigences, moins de projections, moins d’attentes,… pour récupérer de l’énergie et profiter de ce qui est déjà là. Ici aussi Santosha a besoin d’un chakra racine (Muladhara) stable pour se déployer pleinement. Se sentir en sécurité, établi dans la paix, serein, capable de recevoir pour mieux savourer ce qui est. 

  • TAPAS – L’austérité 

Expérimenter la vie simple, modeste forge l’esprit. Passer par des épreuves aident certains yogis à mieux appréhender la paix. Certains yogis vont se les imposer, pour comprendre la notion d’austérité et renforcer leur propre équilibre. 

Le chemin vers un mental apaisé, épuré de désirs vains est long et demande de la patience. Nombreuses sont les voies d’exploration, et j’espère que celles citées pourront vous aider à cheminer vers la vôtre. Si vous souhaitez approfondir les Yoga Sutras, je vous recommande cet ouvrage commenté et traduit : Yoga Sutras de Patanjali, Spiritualités vivantes, Espaces libres. 

 Merci pour votre lecture !

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